Chers amis de France, je ne suis pas mort sous la mitraille et les obus du coup d’état du 18 février (date anniversaire de la mort de Jean Rouch) perpétré par le chef d’escadron Salou Djibo, « Président du Conseil Suprême pour la Restauration de la Démocratie » !
Comme tout le monde, j’ai eu très peur ce jour là en scrutant la rive du fleuve opposée à celle de mon quartier, théâtre de l’opération commando, d’où tonnaient les envois d’obus (l’un a atterri sur la fac de lettres à deux pas de chez moi).
Comme tout le monde, j’ai attendu tout l’après-midi et la nuit de couvre-feu, en me demandant ce qui allait arriver, craignant notamment que le coup d’état ne rate et qu’il prenne à Tandja l’envie de se venger en envoyant ses milices dans les quartiers.
La journée nous aura laissé des souvenirs bien étranges ! Ne ressemblant en rien à l’idée que l’on se fait des coups d’état militaires, elle a été marquée par toutes sortes d’histoires cocasses et insolites qu’Alfred Dogbé va peut-être rassembler et mettre en valeur dans un prochain écrit… Il est troublant de considérer ce coup de force comme la meilleure voie d’un rétablissement civique… Oui, la frappe était « chirurgicale », la maîtrise totale, la rapidité fulgurante. ! Un coup d’état militaire parfait !
Après avoir passé quelques jours d’hébétude, je me suis remis à dessiner et à peindre. Le coup d’état m’obsédait. Alors, j’ai réalisé cette peinture, encore horrifié par la brutalité de la menace Tandja (le mufle bestial de sa sixième constitution), encore effrayé par la violence du coup de force militaire et admirant avec appréhension l’intelligence et la vertu affichée du chef d’escadron Salou Djibo.
Le Républicain a publié cette image, qui est aussi une peinture et une affiche, mais j’aimerais la voir également circuler sur le net en grand format. Cela nous changerait des images mornes du Pays qui sont habituellement diffusées. L’hebdomadaire semble prêt à accepter l’idée d’une collaboration régulière de ce genre. Il est temps de proposer des images nouvelles de la vie au Niger…