mardi 23 mars 2010

Je ne suis pas mort !


Chers amis de France, je ne suis pas mort sous la mitraille et les obus du coup d’état du 18 février (date anniversaire de la mort de Jean Rouch) perpétré par le chef d’escadron Salou Djibo, « Président du Conseil Suprême pour la Restauration de la Démocratie » !

Comme tout le monde, j’ai eu très peur ce jour là en scrutant la rive du fleuve opposée à celle de mon quartier, théâtre de l’opération commando, d’où tonnaient les envois d’obus (l’un a atterri sur la fac de lettres à deux pas de chez moi).

Comme tout le monde, j’ai attendu tout l’après-midi et la nuit de couvre-feu, en me demandant ce qui allait arriver, craignant notamment que le coup d’état ne rate et qu’il prenne à Tandja l’envie de se venger en envoyant ses milices dans les quartiers.

La journée nous aura laissé des souvenirs bien étranges ! Ne ressemblant en rien à l’idée que l’on se fait des coups d’état militaires, elle a été marquée par toutes sortes d’histoires cocasses et insolites qu’Alfred Dogbé va peut-être rassembler et mettre en valeur dans un prochain écrit… Il est troublant de considérer ce coup de force comme la meilleure voie d’un rétablissement civique… Oui, la frappe était « chirurgicale », la maîtrise totale, la rapidité fulgurante. ! Un coup d’état militaire parfait !

Après avoir passé quelques jours d’hébétude, je me suis remis à dessiner et à peindre. Le coup d’état m’obsédait. Alors, j’ai réalisé cette peinture, encore horrifié par la brutalité de la menace Tandja (le mufle bestial de sa sixième constitution), encore effrayé par la violence du coup de force militaire et admirant avec appréhension l’intelligence et la vertu affichée du chef d’escadron Salou Djibo.

Le Républicain a publié cette image, qui est aussi une peinture et une affiche, mais j’aimerais la voir également circuler sur le net en grand format. Cela nous changerait des images mornes du Pays qui sont habituellement diffusées. L’hebdomadaire semble prêt à accepter l’idée d’une collaboration régulière de ce genre. Il est temps de proposer des images nouvelles de la vie au Niger…

samedi 6 février 2010

OH MAMAN

B
Voilà une peinture pour mon amie Fanfan, qui a voulu se venger de P en se moquant de sa passion pour les baignoires acryliques. A moins qu'il ne s'agisse du contraire : Fanfan aurait voulu se faire pardonner son manque d'indulgence en ayant traité P de bourgeois. Il m'incombait de sauver l'amour, les hippos, les baignoires en acrylique et la fatigue des artistes. Et le plus beau c'est que j'ai trouvé dans cette résolution une brassée de nouveaux collègues...
Vous n'y comprenez rien ? La solution : ohmaman.blogspot.com

Retour au chantier B.D - Kande Korfo








Dans cette période indéfinissable, j'ai fini par revenir, avec beaucoup d'appréhension sur mon chantier. Comment prendre le taureau par les cornes et trouver les moyens de convaincre bien un éditeur ? Car j'ai bien pris conscience que les planches qui étaient le plus abouties sur le plan formel paraissent embrouillées ou trop énigmatiques.
J'ai voulu tenter une nouvelle méthode pour le chapitre 2 de mon livre (à l'état de story-board) en soignant la calligraphie, qui était jusque-là très désordonnée, avant d'entrer dans la finition des dessins.
J'ai toujours imaginé que ce blog était comme une longue lettre que j'adressais à mon futur éditeur.
Dans ce chapitre (beaucoup plus simple sur le plan narratif), je raconte quelques aventures de mon père, "tirailleur sénégalais", en des séquences courtes. Des contes d'aujourd'hui en BD.
Dans Kande Korfo, mon père, lorsqu'il était enfant, découvre pour la première fois l'homme blanc.

Retour à l'illustration




Par chance, Boulama, membre de notre fantomatique association de dessinateurs "Crayons de sable", et d'autres copains m'ont sauvé la mise en proposant des travaux d'illustration.

vendredi 5 février 2010

Afrique amère


J'ai quasiment abandonné la peinture ces derniers mois. Malgré le succès de la démarche, j'ai vu devant moi un espace trop grand à franchir, où il me faudrait redoubler d'efforts encore à l'aveugle. Je reste un dessinateur très habitué aux commandes. Cela m'offre la possibilité de rêvasser dans un monde sans marchandises. Et puis, il y a ici une absence terrible de perspective collective. Les artistes sont sans doute ceux qui souffrent le plus de cet écrasement. Méprisés, il doivent en plus sauver l'âme du Niger !
Cette peinture est une réminiscence du projet de bandes dessinées satiriques auquel je m'étais attelé avec Alfred Dogbé, il y a quelques mois.
J'aurais pu l'intituler "En attendant Alfred", mais "Afrique amère" convient bien à l'humeur du temps, la contagion pessimiste.
J'ai de plus en plus envie de réaliser des "peintures-affiches qui donneraient plus de force aux images de la vie au Niger.

Placid en sixième république



De retour à Paris, tu nous a envoyé le Journal Libération où tu avais publié 6 bandes dessinées sur deux pages. Le Républicain les a ensuite repris. Autour de moi : des lecteurs perplexes qui ne comprennent pas ce qu'a "voulu raconter" Placid, puisque pas d'histoire, si ce n'est la nôtre en ce moment, plutôt obscure comme ces affiches du Président-cow-boy que des anonymes maculent durant la nuit avec une tâche noirâtre.
Cela m'a donné envie de voir de nouveau dans la presse nigérienne des vraies bandes dessinées inspirées par la vraie vie. Un jour, lorsque j'aurai quelque chose à lui proposer, je demanderais au patron du Républicain les réactions qu'aura suscité autour de lui le témoignage distant et fasciné de Placid.

Souvenirs


C'était hier au Maquis des collines, un vrai décor de western avec caravanes de chameaux. Tu m'as offert des carnets et des outils précieux, tu m'as prodigué si simplement des conseils de pro et puis tu es parti en me laissant quelques souvenirs informatiques de gouaches, drôles et virtuoses, sur le Pont Kennedy et le Pont chinois... le début d'une histoire de peintures que je poursuivrai un jour.